« Mal renseignée », elle reste bloquée à la frontière lors du décès de son père

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Pascale Rioux a bravé la tempête de Montréal jusqu’à Campbellton la fin de semaine dernière dans l’espoir de voir son père une dernière fois. « Mal renseignée », elle est restée bloquée à la frontière du Nouveau-Brunswick et n’a pu traverser le pont J. C. Van Horne à temps pour se rendre à son chevet.

Je suis passée au travers de tout ça pour ne même pas l’avoir vu. Pourtant j’étais juste là, à quelques kilomètres, confie-t-elle en entrevue lundi, visiblement émotive.

Pascale Rioux avait pourtant pris la peine de se renseigner avant d’entamer le voyage de 700 kilomètres. Elle assure que du personnel de l’Hôpital régional de Campbellton, où son père gravement malade était hospitalisé, lui avait expliqué qu’il valait mieux se présenter directement à la frontière plutôt que de soumettre une demande de voyage en ligne, en raison des délais administratifs.

Ne pouvant risquer de voir sa demande demeurer en traitement durant plusieurs jours, Pascale a décidé de suivre les conseils de l’hôpital et s’est rendue directement au poste de contrôle à Campbellton samedi.

Une fois sur place, elle s’est fait rabrouer. Impossible de traverser sans numéro d’autorisation, lui a-t-on dit.

J’ai mal été informée. Ils n’ont pas voulu me laisser passer. Ils m’ont dit que la seule façon d’avoir un numéro d’autorisation, c’est en appelant la Croix-Rouge, raconte-t-elle.

Pascale a donc fait demi-tour et a tenté de joindre la Croix-Rouge, qui s’occupe maintenant d’autoriser les visites de compassion au Nouveau-Brunswick.

Elle n'a pas réussi à parler à quelqu’un samedi soir.

Le service pour la COVID est juste ouvert de neuf heures à cinq heures, alors je n’ai pas pu parler à personne pour avoir un numéro pour traverser, explique-t-elle.

Dans la nuit de samedi à dimanche, à 1 h 11 précisément, le Réseau de santé Vitalité lui a fait parvenir une autorisation spéciale qu'elle devait pouvoir présenter aux agents à la frontière.

Mais son père, George Rioux, est décédé dimanche matin à 5 h 45.

Il était trop tard, parvient-elle à dire entre deux sanglots. Je sais qu’il a fait son possible pour m’attendre, mais c’était trop long.

Mme Rioux estime qu’elle a été mal renseignée. Elle souhaite faire connaître son histoire pour éviter qu’une autre personne n’ait à vivre cette douleur.

M’empêcher de vivre les derniers moments avec mon père… Mon père, c’était un grand homme. Il était doux, gentil, serviable, et je n’ai pas pu être là. J’espère que ça n’arrivera pas à personne d’autre.